Présence à soi

Les approches du désir

De tous temps, la question du désir et de sa régulation a été au centre de la réflexion – voire des préoccupations – de la plupart des philosophes et des religions.

L’auteur Frédéric Lenoir a publié récemment un livre sur les principaux courants de pensée ayant abordé le sujet[1]. Comme il donne un bon aperçu global de la question, je vous propose ici une synthèse de ce livre, agrémentée de quelques touches personnelles.

Chaque courant philosophique abordé ici est extrêmement synthétisé et vu sous l’unique prisme du désir. L’article ne reflète donc qu’une infime partie de la richesse et de la complexité de ces courants.

Il y a globalement deux grandes visions du désir qui s’affrontent. La première voit le désir comme un manque conduisant à l’insatisfaction et à la souffrance, et qu’il convient de limiter ou de supprimer. La seconde vision voit le désir comme un élan, une puissance amenant au bonheur, et qu’il y a lieu de cultiver.

Nous verrons que ces deux théories ont chacune leur pertinence et ne s’excluent pas totalement l’une l’autre.

Le désir-manque

Principes

La majorité des philosophes et penseurs du monde antique partent du constat de la nature insatiable de l’être humain, qui est un perpétuel insatisfait et ne cesse de désirer ce qu’il n’a pas.

Comment atteindre le bonheur si je ne suis jamais rassasié, si je souffre quand je désire ce que je n’ai pas et je m’ennuie une fois que je possède ce que j’ai désiré ? L’humoriste George Bernard le résume en une boutade : « Il y a deux tragédies dans la vie. L’une est de ne pas obtenir ce que l’on désire ardemment. L’autre est de l’obtenir ! ».

Les dernières recherches en neurosciences confirment cette propension à en vouloir toujours plus[2]. Le cerveau de l’être humain est configuré pour poursuivre cinq objectifs essentiels à sa survie immédiate : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, recueillir des informations sur son environnement, et obtenir le tout en le moins d’effort possible.

Tout comportement qui va dans le sens de ces objectifs se voit récompensé par une sécrétion de dopamine, principale source du plaisir.

Cette configuration de notre cerveau date de millions d’années, à l’époque où la survie était précaire et l’accomplissement de ces objectifs étaient une question vitale. Ne sachant jamais de quoi demain serait fait, l’homo sapiens devait engranger toutes les maigres ressources qu’il pouvait trouver.

Aujourd’hui, notre cerveau est resté le même et continue à rechercher l’accumulation de ces mêmes ressources alors qu’elles ne sont plus nécessaires à sa survie de façon aussi pressante, créant insatisfaction et souffrance.

Vu sous cet angle du manque, le désir est un problème. Les philosophes de la Grèce antique et de l’Orient ont tenté de réguler le désir humain, de l’encadrer, voire de l’éradiquer.

Il y a deux grands courants de sagesse sur ce point : ceux qui prônent une modération du désir à partir de la raison, sans pour autant remettre en cause le désir ou le plaisir procuré (Platon, Aristote et Epicure), et ceux qui affirment que le problème relève du désir lui-même et qu’il faut l’éliminer ou le transformer par une discipline du corps et de l’esprit (stoïcisme et bouddhisme)

Platon (428-348 av JC)

Platon est le premier à théoriser le désir sous le prisme du manque.

Selon lui, en s’incarnant, l’être humain a été séparé de la source divine. Le désir exprime sa nostalgie de cette séparation.

Afin de reconnecter cette source, la suggestion de Platon est de passer du désir des choses matérielles au désir de choses de plus en plus nobles et immatérielles, jusqu’au divin.

La hiérarchie théorisée par Platon, posant la supériorité de l’esprit et de l’âme sur le corps, déteindra profondément sur tout l’Occident judéo-chrétien.

Cette conception a inspiré le concept « d’amour platonique », qui est souvent mal interprété. Il ne signifie en effet pas absence de relation charnelle, mais l’idée d’une échelle ascendante de l’amour-éros partant du corps pour s’élever jusqu’au divin. Le désir sexuel peut donc être présent au début mais il demande à être dépassé et transcendé.

Aristote (384-322 av JC)

Aristote reprend chez Platon cette idée de hiérarchie des plaisirs, les plaisirs du cœur et de l’esprit étant supérieurs aux plaisirs du corps.

Il s’éloigne toutefois de Platon en ce qu’il ne voit pas le désir comme un manque. Pour lui, le désir constitue l’unique force mettant l’être humain en mouvement, y compris sur le plan intellectuel, avec la soif de connaître et de comprendre. Mais ce désir doit être régulé.

Pour lui, c’est à l’aide de la raison que l’être humain pourra faire le tri entre les plaisirs vulgaires et les plaisirs subtils. Seuls ces derniers permettent de mener une vie vertueuse susceptible d’amener le bonheur.

Aristote prône une éthique de la modération, du juste milieu entre l’ascétisme et la recherche effrénée du plaisir comme fin en soi, refusant toute forme d’excès dans un sens ou l’autre.

L’épicurisme

Epicure (342-270 av JC) affine encore la pensée de Platon et d’Aristote. Il reprend cette hiérarchie des désirs en distinguant les désirs naturels et nécessaires (se nourrir, se chauffer…), des désirs naturels mais non nécessaires (le confort) des désirs superflus (le luxe, la gloire…).

Selon lui, poursuivre les désirs naturels et nécessaires (les besoins de base) suffit pour être heureux. Les désirs naturels mais non nécessaires peuvent être recherchés mais avec détachement. Par contre, il est préférable de ne pas rechercher les désirs superflus, notamment de gloire et de richesse, qui sont difficiles à obtenir et n’apportent qu’insatisfaction et malheur.

Contrairement à ce que beaucoup croient, l’épicurisme n’est donc pas la recherche des plaisirs faciles. Il vise au contraire un plaisir simple mais de qualité, susceptible de générer du bonheur.

Dans la lignée d’Aristote, Epicure place la poursuite du plaisir et de bonheur au centre de sa philosophie, dans une éthique du discernement et de la modération. Lui aussi s’appuie sur la raison pour discriminer les plaisirs susceptibles d’apporter un plaisir profond et durable.

On peut retrouver un prolongement de la pensée épicurienne dans les courants contemporains de sobriété heureuse et de simplicité volontaire, tel le mouvement Colibris de Pierre Rabhi.

Le stoïcisme

Si le courant prôné par Aristote et Epicure voit une convergence entre la recherche du plaisir et celle du bonheur, un autre courant considère que le désir constitue en soi le problème. Ce courant est le stoïcisme, fondé à Athènes par Zénon au début du IIIème siècle avant notre ère.

Un philosophe stoïcien renommé, Epictète, a écrit : « Ce n’est pas par la satisfaction des désirs que l’on obtient la liberté, mais par la destruction du désir ».

La pensée stoïcienne repose sur le postulat d’un univers bon et parfaitement ordonné où tout évènement concourt au bien des êtres humains, même si cela n’apparaît pas toujours.

La liberté et la paix intérieures s’atteignent par l’acceptation de ce qui est et que nous ne pouvons pas changer. En revanche, le désir-manque « de ce qui n’est pas », constitue l’obstacle principal à l’atteinte de cet objectif.

La méthode stoïcienne consiste en l’éradication du désir par la discipline et la force de la volonté.

La voie ardue et ascétique suggérée par le stoïcisme présente un inconvénient majeur. Il est en effet difficile de supprimer tout désir sans que cela n’affecte fortement l’élan vital. A cet égard, il est significatif que l’état d’absence de désir/sentiment est nommé par les stoïciens apatheia. Cette racine grecque a donné en français le mot apathie, qui a aujourd’hui une connotation péjorative d’indifférence et d’absence totale de réaction.

Cette conception exigeante et austère influencera fortement les grandes religions monothéistes, et tout particulièrement la religion chrétienne.

La loi religieuse se trouve au carrefour de ces deux visions héritées du monde antique, en s’appuyant à la fois sur la raison aristotélicienne et sur la volonté issue du stoïcisme. Ce qui fait la différence, c’est que tant la raison que la volonté restent soumis à la foi, qui est une norme extérieure à l’être humain.

Le bouddhisme

Fondé au VIème siècle avant notre ère par Siddhârta Gautama, dit le Bouddha (ce qui signifie « éveillé »), le bouddhisme se présente comme un parcours thérapeutique visant à libérer l’être humain de la souffrance.

Comme Aristote, Bouddha prône la voie du juste milieu, pour avoir lui-même expérimenté dans la première partie de son existence l’opulence des palais puis l’ascétisme le plus radical.

Un de ses postulats de base est que le désir, et les attentes qui en découlent, sont source de souffrance.

Il y a de grandes ressemblances entre le stoïcisme et le bouddhisme, mais une chose les différencie : si le stoïcisme vise à éradiquer le désir en tant que tel, le bouddhisme cherche plus précisément à supprimer l’attachement qui découle du désir. Il ne s’agit donc pas de combattre le désir, mais de se détacher de toute attente ou convoitise en lien avec ce désir.

Par exemple, dans la relation amoureuse, Bouddha invite à apprendre à aimer sans jalousie ni possessivité, en acceptant l’idée que l’autre pourrait un jour nous quitter ou disparaître. Cette approche est assez similaire à l’acceptation stoïcienne, visant à vouloir le réel plutôt qu’à le subir en désirant autre chose.

Comme le stoïcisme, cette sagesse est très exigeante et demande une compréhension et une maîtrise parfaite de ses affects. C’est une chose de l’expérimenter dans un monastère ou un ermitage où les tentations et les distractions sont rares, et une autre de le vivre immergé(e) dans nos vies d’occidentaux du XXIème siècle…

Le désir-puissance

Pour ces héritiers de la pensée d’Aristote, le désir n’est pas vu comme un manque, mais comme l’élan qui nous pousse à agir et nous donne le sentiment d’être pleinement dans notre puissance vitale.

En conséquence, ce désir ne doit surtout pas être éteint ou contenu sous peine d’affaiblir notre vitalité. Par contre, ce désir a besoin d’être correctement orienté.

Baruch Spinoza (1632-1677)

Pour le philosophe Spinoza, l’être humain est fondamentalement un être désirant. C’est son essence même.

Il voit le désir comme un appétit conscient nous poussant à persévérer dans notre être et à augmenter sans cesse notre puissance vitale. Il ne porte aucun jugement moral sur le désir, qui n’est ni bon ni mauvais.

Spinoza tourne résolument le dos aux courants acétiques consistant à se faire violence pour espérer ne plus souffrir. Plutôt que de diminuer notre puissance vitale, il nous invite à augmenter la joie, l’amour et notre puissance d’action.

Pour lui, la joie est le critère éthique : l’augmentation de notre puissance vitale apporte de la joie, tandis que sa diminution procure de la tristesse.

Mais si le désir est neutre, il est important de bien l’orienter par la raison. Spinoza n’a pas la même vision du rôle de la raison qu’Aristote ou Epicure. Pour lui, la raison ou le discernement ne peuvent seuls lutter contre la puissance des affects. Il ne suffit pas de se raisonner pour ne plus ressentir de la tristesse ou de la jalousie, par exemple.

Pour Spinoza, on ne supprime pas un affect en se raisonnant mais en faisant surgir un nouveau désir qui engage un affect positif plus puissant, comme la joie ou l’amour. Le rôle de la raison consiste à découvrir ce nouveau désir lié à un affect positif. A l’inverse de nombreuses approches moralistes, Spinoza n’oppose donc pas raison et affectivité, mais en fait au contraire des alliées.

La sagesse ne consiste donc pas à brimer l’élan vital, mais à le soutenir et à le guider. Elle ne vise pas à diminuer la force du désir mais à l’orienter vers les désirs que font grandir plutôt que vers ceux qui diminue la puissance vitale.

Friedrich Nietzsche (1844-1900)

Deux siècles plus tard, Nietzsche s’inspire de Spinoza et reprend le concept de la force désirante de l’être humain qui le pousse à grandir, et la baptise « volonté de puissance ».

Il s’oppose fortement aux traditions religieuses et ascétiques qui cherchent à réduire le désir et à diminuer la vie par le renoncement, qu’il qualifie de « nihilistes ».

Dans la lignée de Spinoza, il ne prône pas de s’abandonner à n’importe quel désir, mais de les élever, de les spiritualiser par la raison et les affects les plus nobles.

A la manière des stoïciens, il invite aussi à un accueil inconditionnel de la vie, à ne pas lutter contre son destin mais à accepter, voire même à vouloir, ce sur quoi on n’a pas de prise et qu’on ne peut changer.

Henri Bergson (1859-1941)

Le philosophe français Henri Bergson prolonge la pensée de Spinoza et de Nietzsche en développant le concept « d’élan vital ». Selon lui, l’évolution du cosmos ne répond pas à une volonté divine ou au principe de cause à effet. Il n’y a aucun plan prédictible car la vie s’invente en permanence dans un élan créateur.

A l’instar de la volonté de puissance théorisée par Nietzsche, chaque être vivant, tant au niveau de l’espèce que de l’individu, sent en lui une « formidable poussée intérieure » qui l’incite à progresser, à grandir, à s’adapter.

Bergson invite chacun à se reconnecter à cet élan vital qui anime le monde et à se sentir relié et accordé à ce mouvement global.

Carl Gustav Jung (1875-1961)

Freud identifiait la libido à la seule pulsion sexuelle. Jung s’éloignera de cette vision. Pour lui, la libido est une « poussée » volontaire, un élan vital qui conduit l’être humain non seulement au désir sexuel mais aussi à celui de s’accomplir spirituellement.

En assimilant la libido à la puissance vitale, Jung s’inscrit dans la lignée de Spinoza et de Nietzsche. Cet élan à s’accomplir, Jung va le baptiser « processus d’individuation ».

Jung voit ce processus comme la force intérieure poussant l’être humain à s’accomplir, à se réaliser de manière unique, entre autres en identifiant ses désirs les plus profonds et personnels.

La vision tantrique

Etonnamment, le livre de Frédéric Lenoir n’aborde quasiment pas l’approche (néo)tantrique, et le peu qu’il en dit ne me semble pas très pertinent quant à la thématique du désir.

Les origines du tantra traditionnel remontent à environ 3.000 ans, son apogée se situant aux alentours du 10ème siècle de notre ère. Si les influences mutuelles entre le tantra et le bouddhisme sont avérées, il est vraisemblable qu’il y ait également eu dans l’antiquité des échanges de savoirs entre les cultures indienne et grecque.

L’énergie vitale

La vision tantrique du désir est à l’opposé des approches ascétiques. Le corps y est perçu comme de nature divine, ainsi que tout ce qui le traverse, et particulièrement l’énergie vitale qu’est le désir. Le désir n’est pas vu comme un manque, mais comme un élan nous reliant à notre nature divine.

A la différence de Platon et d’Aristote, le tantra n’a pas une approche dualiste : il n’y a pas de hiérarchie entre des désirs qui seraient sacrés et subtils, et d’autres qui seraient indignes ou bassement matériels. La philosophie tantrique est amorale (dans le sens « au-delà de la morale »), comme l’est l’éthique de Spinoza : le désir n’est pas bien ou mal. Il y a les désirs qui sont bénéfiques et qui élèvent, et ceux qui diminuent l’être.

Dans cette perspective non-duelle et amorale, le tantra propose de ne pas réprimer ses désirs, car tout ce qui est interdit entraîne plus de violence intérieure et de névroses, mais d’être dans une forme de maîtrise détendue. C’est une voie de liberté consciente, qui invite chacun à trouver son juste milieu, dans une approche similaire à celle d’Epicure.

La voie tantrique est holistique, en ce qu’elle propose d’intégrer le désir à la spiritualité, de l’utiliser pour s’intégrer harmonieusement au mouvement global de l’univers. La perspective d’Henri Bergson n’en est finalement pas si éloignée.

Plonger dans ses parts d’ombre

Spinoza suggérait de quitter un désir inadéquat, une addiction par exemple, en orientant son élan vital vers un affect plus puissant comme l’amour. Bien que belle, cette approche me semble avoir ses limites car elle occulte la dimension « manque » du désir. Pour une personne qui a renoncé à l’alcoolisme par amour, combien n’y sont pas arrivées et sont retombées dans leurs travers ?

Il faut comprendre que s’élever spirituellement ne vient en rien soigner les blessures émotionnelles ou psychologiques. Ce sont des plans distincts et prendre soin de l’un ne soigne pas nécessairement l’autre[3].

Si une addiction à une quelconque substance est un mécanisme de compensation inconscient destiné à maintenir à distance une blessure émotionnelle, la seule approche efficace est de nature thérapeutique, en allant identifier la blessure et le mécanisme compensatoire qui s’est mis en place.

Si Spinoza invitait à aller vers plus de lumière, la démarche tantrique serait plutôt d’aller explorer ses parts d’ombre. Cela se rapproche plus de la méthode psychanalytique élaborée par Carl Gustav Jung sous le nom de « psychologie des profondeurs ». Jung, qui s’est intéressé au tantra, écrivait : « Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité ».

Accueillir son désir

Le tantra ne propose pas d’éradiquer le désir, ni de le modérer ou de l’orienter par la raison ou par la volonté. Il se rapproche quelque peu du bouddhisme en ce qu’il invite à se libérer de l’attachement suscité par le désir, mais sa façon d’amener au détachement ne passe pas par une discipline ascétique.

Le renoncement que l’on s’impose de force amène des conflits intérieurs et débouche rarement sur une paix de l’âme. La perspective tantrique invite à ne pas inverser les étapes : c’est une fois que l’on a une relation apaisée à son désir-manque que survient naturellement et sans effort le détachement face à ce désir, et non l’inverse.

Le corps étant par excellence le vecteur de l’expérience, l’invitation est de plonger dans son désir, de l’expérimenter, et de comprendre quel est le mécanisme qui fait que tel désir nous obsède.

Une personne avec des troubles alimentaires pourra percevoir par exemple, que son trouble est un mécanisme de protection destiné à compenser un manque d’amour de soi et, plutôt que de lutter contre son addiction, de prendre soin de son déficit d’amour.

C’est une fois le désir accueilli sans jugement et compris, sans volonté de le transformer ou de l’éradiquer, que, paradoxalement, il pourra se transformer et évoluer vers une forme plus apaisée[4].

Conclusion

Il y a deux grandes clés de compréhension du désir humain : celle du désir comme manque, et celle du désir comme puissance. Il n’y a pas lieu de choisir entre elles car ces deux facettes du désir coexistent.

La clé est d’être en paix face au désir-manque afin de réduire l’attachement qui pourrait en découler et de l’orienter vers le désir-puissance qui contribue à faire grandir l’être.

Frédéric Lenoir conclut très justement : « Une des dimensions du désir humain est qu’il est infini. S’il place essentiellement son désir dans le domaine de l’avoir, l’être humain demeurera un éternel insatisfait et restera prisonnier des pulsions de son cerveau primaire qui ne connait pas de limites (…). A l’inverse, si nous sommes davantage mus par un accroissement de notre être, nous ne sommes jamais ni frustrés, ni insatisfaits : la connaissance, l’amour, la contemplation de la beauté, le progrès intérieur nous comblent sans jamais nous donner ce sentiment de frustration typiques des désirs orientés vers l’avoir »[5].

Didier de Buisseret

N’hésitez pas à partager cet article, en le reprenant intégralement, sans modification ni coupure, et en citant sa source (www.presenceasoi.be)


[1] Frédéric Lenoir, Le désir – une philosophie, éd. Flammarion, 2022

[2] Sébastien Bohler, Le bug humain, éd. Robert Laffont, 2019

[3] Sur la différence entre éveil et libération, voir l’article à propos du Tantra traditionnel et du néo-Tantra

[4] Voir l’article « Que faire avec son désir ? »

[5] Frédéric Lenoir, ibid., p. 219.

7 commentaires pour “Les approches du désir

  1. Royer

    Bonjour Didier,
    Je gère et écris pour le site Osphères. Je développe une réflexion autour du désir. Votre article m’intéresse dans la mesure où il parcourt l’ensemble de ses appréhensions. M’autoriseriez-vous à le publier sur le site Osphères ? En vous remerciant d’avance pour votre réponse et vous souhaitant une agréable semaine. Très cordialement. Eric Royer.

    1. Didier Auteur du post

      Bonjour. Oui, avec plaisir, pour peu que l’article soit repris dans son intégralité et que la source soit citée.

  2. Philippe

    Il m’aurait semblé opportun de mentionner pour la question qui vous occupe, que l’on adhère ou pas aux présupposés de ce courant, la psychanalyse et ses 2 auteurs principaux – que sont Freud et à sa suite Lacan – tant ils ont beaucoup dit et écrit sur le sujet. Leur conception du désir imprègne encore fortement notre société occidentale

    1. Didier Auteur du post

      Oui, je me suis plus axé sur le livre de Lenoir qui, tout comme moi, connait mieux la philosophie que la psychanalyse, même s’il y a un petit détour par Jung. Il est clair qu’il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet, mais cela dépasserait de loin le cadre d’un article.

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