Présence à soi

Guide de bonnes pratiques en massage tantrique

Ce texte est un guide de bonnes pratiques à l’usage des masseurs/masseuses tantriques.

Il m’a paru intéressant de mettre en forme quelques principes glanés au fil du temps, destinés à assurer le meilleur cadre possible à une séance de massage tantrique, tant au profit des personnes massées que des praticien(ne)s.

Certains des points abordés sont présents depuis le début de ma pratique, tandis que d’autres sont plus récents. Certains sont intangibles depuis le début et d’autres restent en constante évolution.

Ce ne sont bien sûr que des propositions, qu’il appartient à chacun de s’approprier ou non, de questionner afin de ressentir comment elles résonnent avec leur propre pratique.

1. A la prise de contact

  • Lorsqu’une première prise de contact a lieu par écrit (SMS, email…), il peut être pertinent de solliciter du futur massé[1] un entretien téléphonique complémentaire afin de s’assurer que les attentes respectives soient compatibles et que le contact humain passe bien.
  • Interroger la personne massée sur ses motivations, entre autres afin de vérifier si elle s’inscrit dans une démarche de « curiosité », de bien-être, spirituelle, sensuelle, thérapeutique, sexothérapeutique…
  • Informer par écrit le futur massé du cadre général du massage :
  1. Il n’y a aucun objectif particulier à atteindre à travers le massage. En conséquence, le praticien garde la liberté de rencontrer ou non les éventuelles attentes que pourrait nourrir la personne massée (jouissance…).
  2. Le praticien est là pour la personne massée et est à l’écoute des besoins et des limites de celle-ci.
  3. Le praticien place la relation sur un plan non personnel. En conséquence, il évite tout comportement qui créerait une confusion quant à une relation personnelle privilégiée entre praticien et personne massée (comme des mots doux, des baisers, des relations sexuelles…).
  4. Le massage est un voyage intérieur à la rencontre de soi-même, non à la rencontre du praticien. En conséquence, la personne massée reste dans la réceptivité, et non dans l’échange. Elle est là pour recevoir, pas pour donner.

2. Lors de l’échange verbal en début de première séance

L’échange verbal précédant le massage a plusieurs fonctions :

  • Permettre à la personne massée de déposer ce qu’elle souhaite dire et de se sentir accueillie et non jugée dans son vécu.
  • Permettre au praticien de recueillir des informations à propos de la personne massée, de son parcours, de ses éventuelles fragilités, de ses motivations et de sa démarche à recevoir un massage, qui aideront le praticien à mieux l’accompagner durant la séance.
  • Rassurer et mettre en confiance la personne massée en vue de la séance.
  • Transmettre à la personne massée des informations quant au déroulement de la séance et à son cadre.

Si la 4ème et dernière fonction est importante, il faut être attentif à ce qu’elle n’éclipse pas les trois autres. Chronologiquement, elle vient d’ailleurs en dernier lieu, vu que le praticien adaptera son discours et le choix des informations à communiquer en fonction de ce qu’il aura perçu de la personne massée.

Voici une recommandation des points qui pourraient être abordés avec la personne massée lors de l’entretien introductif en début de première séance (la pertinence et l’approfondissement des points sont fonction de la personne et de ses réponses) :

  • Créer le meilleur climat possible de sécurité, de bienveillance et d’empathie afin que la personne massée se sente libre de s’exprimer et de faire part de ses limites conscientisées, qui seront entendues inconditionnellement et sans jugement, sans qu’il y ait de tentatives de les influencer.
  • Lui demander si elle souhaite que certaines zones de son corps ne soient pas abordées lors du massage.
  • S’assurer que recevoir le massage dans la nudité est juste pour la personne massée, sans qu’il y ait de pression implicite pour y amener, et confirmer que ce n’est en rien obligatoire.
  • Lui demander si, en plus du cadre posé par le praticien, elle sent d’autres limites présentes pour elle, qu’elle souhaiterait poser. Préciser que si, en cours de massage, d’autres limites ou un inconfort devaient apparaître et qu’elle n’était pas certaine que le praticien les ait perçues, elle est invitée à les lui faire savoir à l’instant même, verbalement ou d’une autre façon.
  •  Partir du postulat que toute réponse hésitante peut cacher un « non » qui a du mal à s’exprimer. Ne pas hésiter à approfondir les réponses pour être certain que tout soit dit car de nombreuses personnes manquent d’assertivité pour poser leurs limites ou ont tout simplement du mal à les identifier. Rassurer la personne massée quant à sa légitimité à poser un refus ou à changer d’avis, et quant au fait qu’il n’y a pas lieu de vouloir faire plaisir au praticien, qu’il ne sera pas vexé ni ne prendra un refus personnellement.
  • Solliciter l’engagement de la personne massée à ne pas rester bloquée dans un ressenti difficile et à en parler, que ce ressenti se manifeste dans l’instant ou bien plus tard.
  • Lorsque la personne massée explique les raisons de sa venue, être attentif aux éléments laissant penser qu’elle pourrait avoir subi des blessures émotionnelles en lien avec sa sexualité (si oui la probabilité est plus grande qu’elle ait du mal à percevoir ses limites et à les verbaliser). Tout être humain est porteur à des degrés divers de blessures émotionnelles dont la mémoire est susceptible d’être réveillée par le massage, et doit donc être abordé avec délicatesse.
  • Surtout en cas de blessures antérieures, lui expliquer le principe de la dissociation : ses pensées, ses émotions et ses pulsions pourraient ne pas s’accorder. Une part en elle pourrait souhaiter une plus grande activation de l’énergie sexuelle, tandis qu’une autre part pourrait vouloir l’inverse. Une part pourrait être démonstrative et facile à percevoir par le praticien, tandis que l’autre pourrait être inhibée et presque indétectable. Toujours adopter le rythme et les limites de la part identifiée comme la plus réticente. Dans le doute, en faire moins que plus. Ecouter cette part et mentionner directement son existence au praticien, quand bien même elle serait discrète ou compliquée à expliquer.
  • Informer la personne massée qu’elle peut communiquer verbalement en cours de massage pour faire part au praticien de toute information utile au bon déroulement de la séance (inconfort, malaise, limite atteinte, émotion présente, pensée à évacuer, prise de conscience…).

3. Durant le massage

Voici une recommandation de points à garder à l’esprit lors du massage :

  • Le praticien est seul responsable et garant du respect du cadre du massage. Il ne peut en aucun cas s’en décharger, même partiellement, sur la personne massée. Le praticien ne déroge jamais à ce cadre, même si la personne massée lui en fait la demande en cours de séance.
  • Cette responsabilité du praticien reste identique qu’il s’agisse d’une séance rémunérée ou gratuite, ainsi que dans le cadre d’un échange informel de massages, même entre deux professionnels.
  • La personne massée peut lever les limites qu’elle a elle-même posées, mais à sa seule initiative. Ce n’est pas au praticien de poser de lui-même la question, ce qui pourrait être perçu comme une forme de pression.
  • Si le praticien est là pour la personne massée, il n’est pas à son service. Il conserve donc la liberté de décider ce qu’il propose, dans le respect de ce qui est juste pour lui et de ses propres limites.
  • En règle générale et tout particulièrement si la personne massée a subi des blessures en lien avec la sexualité, le praticien a la possibilité de communiquer verbalement avec la personne massée en cours de massage, que ce soit pour s’assurer que tout va bien, pour vérifier que ce qu’il croit percevoir correspond à la réalité, pour solliciter une autorisation, pour l’inviter à faire part de ce qu’elle ressent…
  • Le massage interne du sexe féminin (yoni) peut dans certains cas avoir une portée thérapeutique mais est délicat et susceptible de renforcer des blessures s’il n’est pas pratiqué avec justesse et si le praticien n’a pas été spécifiquement formé à ce toucher. Même si le principe du toucher interne a fait l’objet d’un accord préalable, il reste nécessaire, juste avant de le pratiquer en séance, de s’assurer que cette autorisation est toujours d’actualité dans l’instant, en reposant verbalement la question.
  • En règle générale et tout particulièrement s’il a l’impression que la personne massée pourrait souffrir de dépendance affective, le praticien sera attentif à avoir un comportement ne favorisant en rien cette dépendance. S’il devait néanmoins avoir l’impression qu’une telle dépendance ou un transfert amoureux était à l’œuvre, il est de son devoir d’aborder la question à l’issue du massage et de démonter toute projection à son égard. Dans l’hypothèse où ce transfert serait trop compliqué à gérer pour le praticien, il est de son devoir de référer la personne massée à un autre praticien.
  • Le praticien ne sera à l’initiative et n’acceptera aucune relation sexuelle ni lien amoureux avec la personne massée, ni en cours de massage ni à l’issue de la séance. Dans l’hypothèse où la personne massée est un(e) client(e), un tel rapprochement ne pourrait s’envisager que plusieurs mois après la clôture définitive de la relation professionnelle ou thérapeutique.

4. A l’issue de la séance

  • La pose d’un essuie sur le corps de la personne massée vient marquer de façon claire la fin du massage. Dès l’essuie posé, le praticien se rhabille et va se placer à distance de la personne massée pendant qu’elle intègre la séance, afin de faciliter la défusion et le retour à elle-même.
  • La séance de massage se clôture toujours par un entretien verbal lors duquel la personne massée est invitée à mettre des mots sur ce qu’elle a vécu et à poser d’éventuelles questions. Si le praticien a le sentiment qu’il y a un malaise, que quelque chose ne va pas ou n’est pas clair pour la personne massée, que des émotions fortes sont encore à l’œuvre…, il a la responsabilité de poursuivre son accompagnement verbal jusqu’à ce que la personne massée ait retrouvé suffisamment d’apaisement pour s’en aller. En cas de malaise perçu chez la personne massée, il est important de s’assurer s’il est dû au fait qu’elle a contacté une émotion inconfortable lors du massage ou si elle a ressenti un manque de justesse dans l’accompagnement du praticien.
  • Le praticien reste disponible et ouvert pour assurer un suivi de la séance si, ultérieurement, la personne massée en ressent le besoin, souhaite partager ses émotions, interrogations ou évolutions, que ce soit par écrit, par téléphone ou en présence à son cabinet.

Didier de Buisseret

N’hésitez pas à partager cet article, en le reprenant intégralement, sans modification ni coupure, et en citant sa source (www.presenceasoi.be)


[1] Par facilité, praticien et client sont mis au masculin, mais il va de soi que cela concerne autant hommes que femmes

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