Présence à soi

Le contre-transfert, manques et blessures

contre-transfert

(Début de l’article ici)

Manques et blessures

Derrière ce qui pourrait apparaître comme de l’incompétence ou de la naïveté de la part du thérapeute empêtré dans son contre-transfert, se cachent généralement ses manques et blessures d’enfance, dont il n’a pas toujours conscience.

Ainsi, dans l’exemple du thérapeute blessé par le rejet de son patient, il est plus que probable que ce thérapeute souffre d’une blessure de rejet ou d’abandon née dans l’enfance et se réactivant de façon récurrente dans sa vie affective.

Dans le cas d’un thérapeute qui s’identifie pleinement au rôle transférentiel de sauveur que lui tend son patient, ce besoin de se valoriser provient sans doute d’une faible estime de lui-même ou d’un déficit de reconnaissance.

Et pour qu’un thérapeute puisse croire de bonne foi qu’une patiente est réellement amoureuse de lui en tant qu’individu – alors qu’ils ne se connaissaient pas une heure plus tôt et qu’il n’a presque rien laissé transparaître de sa personnalité -, il faut que ses capacités de discernement soient supplantées par quelque chose de plus puissant : son besoin d’être aimé ; besoin insuffisamment nourri au point de générer chez ce thérapeute un manque affectif récurrent.

Une autre façon pour ce thérapeute de tenter de combler son manque affectif pourrait être, tel un Don Juan, de faciliter et d’encourager plus ou moins inconsciemment la propension de ses patientes à tomber amoureuses de lui, en créant ou en laissant subsister des ambiguïtés affectives (gestes ou mots tendres…), en leur laissant croire que leur relation a quelque chose de tout à fait unique et qui dépasse le cadre purement professionnel. Sans pour autant passer à l’acte, il entretient une forme subtile d’érotisation de la relation qui vient flatter son ego.

La psychanalyse, elle, traduirait sans doute ces différentes blessures sous le terme générique de « besoins narcissiques ».

De l’importance de se connaître

Ain d’éviter ces dérives dues à une mauvaise gestion du contre-transfert, tout thérapeute devrait avoir réalisé un « travail sur lui » destiné à repérer et à guérir ses blessures émotionnelles majeures. Il est en effet difficile d’accompagner quelqu’un avec justesse si ses propres blessures viennent parasiter la relation. Nul thérapeute ne peut en effet accompagner un patient au-delà de son propre niveau de conscience. Plus le thérapeute aura acquis une maturité émotionnelle et affective, plus il devrait savoir gérer cette question du transfert et du contre-transfert.

Ce « travail sur soi » peut prendre de nombreuses formes (psychanalyse, thérapies corporelles, voies spirituelles…), l’important étant selon moi qu’il prenne en compte la globalité de la personne : tant le psychisme que les émotions et les pulsions.

Cela passe aussi par la compréhension des raisons inconscientes qui ont poussé le thérapeute à choisir un métier de relation d’aide. Au fond de lui, qu’attend-il de son rôle d’aidant : une reconnaissance ? Une valorisation de sa personne ? Le sentiment d’être utile ou de compter pour quelqu’un ? De même, il pourra s’interroger sur les motivations cachées qui lui ont fait choisir telle profession précise. Ce n’est sans doute pas indifférent de choisir d’être sexologue plutôt que coach. Une telle compréhension est précieuse car il est plus que probable que ce seront ces raisons cachées que l’on retrouvera à la manœuvre en coulisse lors d’un contre-transfert.

En règle générale, un accompagnement, une aide extérieure, est souhaitable pour ne pas s’égarer seul dans les chemins de l’introspection. Cela vaut également en cours de pratique professionnelle, par le biais de la supervision. En séance de supervision, le thérapeute aura la possibilité de bénéficier du regard extérieur d’un autre professionnel, qui aura plus facilement le recul pour détecter ses difficultés récurrentes et l’aider à mieux distinguer ce qui lui appartient de ce qui appartient à son patient, de façon à clarifier son positionnement.

L’empathie et la compassion

Un nombre croissant de thérapies contemporaines mettent en avant l’empathie et la compassion comme atout majeur de la relation thérapeutique. J’en suis également convaincu.

Cependant, cela impose au thérapeute d’être d’autant mieux centré et clair dans son positionnement, dans la mesure où cette chaleur humaine rend plus difficile l’appréciation de la juste distance à conserver.

Il existe parfois une confusion entre l’empathie souhaitée – la capacité à entrer en résonance avec le patient – et l’envie de partager avec lui, que ce soit des émotions (pleurer avec lui) ou du désir. Il y a pourtant toujours une certaine distance à conserver, permettant de garder en permanence à l’esprit que la séance ne se déroule pas dans un cadre privé et intime mais bien dans un contexte professionnel.

Le rôle du thérapeute est d’aider et d’accompagner, pas d’échanger ou de « copiner » avec ses patients. La nuance peut être parfois subtile et impose au thérapeute de faire régulièrement le point de la tournure prise par la relation thérapeutique.

A force de sympathiser, certains thérapeutes développent un véritable attachement à leurs patients, avec pour conséquence que, sous couvert de continuer à veiller sur eux, ils n’arrivent pas à les « lâcher » et encouragent des thérapies interminables alors que leurs patients gagneraient peut être à retrouver leur autonomie et à reprendre leur envol.

La meilleure balise pour s’y retrouver est encore due à Freud : le thérapeute doit s’effacer, s’oublier en tant qu’individu et veiller à ne retirer aucun avantage personnel du transfert de son patient. A chaque fois qu’il a un choix thérapeutique à faire, le thérapeute ne doit être guidé que par le seul intérêt de son patient.

Il n’est cependant possible pour le thérapeute de conserver cette place humble et en recul qu’à condition d’être raisonnablement épanoui dans sa vie privée sur les plans affectif et sexuel, qu’il ne soit pas confronté en permanence à des manques que sa relation à ses patients réveillerait.

Ainsi, alors que Freud exhortait ses confrères à « réprimer leur contre-transfert », son disciple Sándor Ferenczi (1873-1933) s’en plaignait en ces termes : « On doit aussi aimer des personnes si on veut être heureux (…). Cette répression permanente doit bien se solder par une perturbation quand, après 10-12 heures de travail, on se retrouve, comme moi, si totalement solitaire et dépourvu de tout objet d’amour ». A travers cette lettre d’une candeur confondante, apparaissent tous les manques affectifs de ce monsieur qui deviendra néanmoins un psychanalyste renommé.

La reconnaissance et l’acceptation du désir

A l’opposé des courants prônant l’empathie, certaines écoles estiment au contraire que le thérapeute peut – et se doit – d’être neutre face au transfert de son patient, qui doit moins être vu comme un être humain que comme « une énigme à résoudre ». Freud conseillait à cet égard de prendre comme modèle le chirurgien « laissant de côté toute réaction affective et jusqu’à toute sympathie humaine, ne poursuivant qu’un seul but, mener aussi habilement que possible son opération à bien ».

Mais toutes ces tentatives pour « désérotiser » ou « désexualiser » la relation thérapeutique semblent vaines, dans la mesure où le thérapeute est et reste un être sexué avec ses parts d’ombre et de lumière comme tout le monde, qu’il le veuille ou non.

Que ce soit par peur de son « côté obscur », par manque de conscience ou par souci de se conformer à l’image idéalisée qu’il a de lui-même ou de son rôle, un thérapeute pourrait être tenté de nier ou d’occulter l’attirance sexuelle qu’il peut ressentir pour un patient. A mon avis, rien n’est plus dangereux que de refouler ce désir car cela ne le supprimera pas. Si on le met dehors par la porte, il trouvera le moyen de revenir par la fenêtre, probablement deux fois plus fort et à un moment où on ne l’aura pas vu arriver… (voir l’article Tantra et sexualité).

Pour moi, le fait que le thérapeute puisse éprouver du désir pour son patient ou ressente l’élan de répondre favorablement à son transfert amoureux n’implique pas nécessairement qu’il faille mettre fin à la relation thérapeutique. Le désir est en soi quelque chose de beau, de naturel et de sain qu’il n’y a pas lieu de stigmatiser en tant que tel. Le tout est d’être en mesure de conscientiser ce désir et de faire circuler en soi cette énergie de façon à ne pas se laisser dominer par elle ni qu’elle prenne le pas sur l’intérêt du patient.

A cet égard, il est bon de rappeler qu’accueillir son désir et s’autoriser à le ressentir n’implique aucune nécessité impérieuse de le concrétiser dans un acte physique ni que ce désir doive rester focalisé sur la personne du patient (voir l’article Que faire avec son désir ?).

Moins le thérapeute sera à l’aise avec cette part de lui plus la nécessité d’une supervision régulière se fera sentir. Et si le thérapeute pressent qu’il ne pourra pas empêcher que son désir interfère avec la relation thérapeutique, il fera preuve de professionnalisme, de sagesse et d’humilité en invitant son patient à faire choix d’un nouveau thérapeute…

Et s’il y a attirance sans transfert ?

La question se pose de savoir si une attirance sexuelle de la part du patient ou du thérapeute implique nécessairement la présence d’un transfert ou d’un contre-transfert. A mon sens, pas forcément.

Mais pour le thérapeute qui doit rester garant du cadre, il lui sera généralement très malaisé de discerner s’il y a bien transfert et donc si le patient se « trompe de cible » en s’intéressant à sa personne. Comment être sûr que dans un autre contexte, hors du cabinet et de la relation thérapeutique, ce désir aurait émergé de la même façon ?

Par ailleurs, quant bien même il n’y aurait pas de transfert dans le chef du patient, les conséquences d’un passage à l’acte pourraient néanmoins présenter les mêmes inconvénients : le tour intime pris par leur relation fera perdre au thérapeute le recul nécessaire pour continuer à accompagner valablement son patient. De même, ce n’est pas parce qu’une part du patient ressentait du désir qu’il ne peut pas y avoir une autre part de lui qui comptait sur le thérapeute pour maintenir le cadre et qui vivra comme un abus le passage à l’acte. Le thérapeute s’en rendra d’autant moins vite compte que le patient aura du mal à assumer et à donc à exprimer cette ambivalence (cfr. l’article Quand le massage tantrique dérape).

Compte tenu de cette incertitude, je crois que la seule règle tenable pour privilégier l’intérêt premier du patient et que le thérapeute refuse ses avances dans tous les cas de figure.

Si néanmoins il devait y avoir une véritable attirance réciproque, dénuée de tout transfert (cela peut quand même exister…), il reste conseillé de n’opérer aucun rapprochement intime tant qu’il existe une relation thérapeutique. Et une fois la thérapie clôturée, il est même souhaitable d’attendre une période de quelques mois avant de se revoir, de façon à laisser aux brumes d’un éventuel transfert le temps de se dissiper complètement. Et si, après cet éloignement consenti, les deux protagonistes continuent à ressentir le même élan l’un vers l’autre, c’est que cette attirance mérite sans doute d’être approfondie…

Je laisse au psychiatre Scott Peck le soin de conclure : « C’est par amour pour leur patient que les thérapeutes ne s’autorisent pas à tomber amoureux d’eux« .

Didier de Buisseret

www.therapeute-debuisseret.be

N’hésitez pas à partager cet article, en le reprenant intégralement, sans modification ni coupure, et en citant sa source (www.presenceasoi.be)

13 commentaires pour “Le contre-transfert, manques et blessures

  1. Christelle

    Dans la vie – hors thérapie – il y a peu de personnes qui vivent avec détachement cette notion de  » transfert locomoteur de guérison et de dépassement ».
    Cela me fait vraiment plaisir et me rend joyeuse de lire ce texte.

    Merci !

  2. Cris.

    Il y a peu de textes sur cette question du contre-transfert tant le sujet semble délicat, voir inabordable… inavouable ?
    Votre approche est très respectueuses de tous les possibles et des ressentis de chacun, car oui, le psy/la psy est juste un humain qui a choisi d’aider les autres, et qui doit faire aussi avec ses propres problématiques.
    Plus j’avance dans ma thérapie et plus je me dis qu’être psy doit être d’une complexité intérieure !!!…
    C’est avec un réel plaisir que j’ai lu cet article très complet, très subtile et tendre envers nos psy.
    Merci pour nous, les patients, et merci pour eux.

  3. Orchidée

    Bonjour,

    Votre article est, à mon sens, très bien rédigé, et surtout sans agressivité ni sarcasme à l égard de ce thème si difficile à aborder.
    Il m inspire d autant plus que je suis moi même confrontée à cette épreuve et que mon thérapeute l est également.
    Lors d un rdv non pro ( je précise) au cours duquel nous nous sommes ouvertement livrés l un à l autre, un échange de baisers a eu lieu… C était à la fois intense, pour ne pas dire passionnel. Le genre d étreinte dont les souvenirs demeurent encore intacts plus de deux ans après…
    Aussi, et après plus de six mois sans thérapie, je me dois de reprendre ce chemin mais non sans lui qui connaît mon parcours et qui m a soutenu dans le cadre stricte d une thérapie ( lorsqu il a s agit de nous revoir pour gérer mes angoisses)
    Aussi, et avant de le  » quitter » en novembre dernier, j ai voulu le revoir afin de poser cartes sur table et affronter son regard en lui disant tout ce que j avais sur le cœur suite à cet élan de désir que nous avons eu.
    Aujourd hui, je me sens prête à m investir, bien sûr, dans ma thérapie, mais également à le revoir…
    Je pense que lui aussi, même si je sais au fond, qu il sait que si je reviens vers lui, le travail et « l amour » seront toujours plus ou moins liés…
    Je tiens à préciser que nous sommes tous les deux, tout à fait responsables de nos actes et s il ne m évince pas de son Cabinet, cette thérapie peut être un exercice difficile mais egalement un tremplin pour éclaircir nos idées respectives, tant sur le plan psychique que physique…
    Maintenant ma question est la suivante : si d aventure, nous sommes amenés à nous rapprocher une seconde fois, que risquons nous ? Lui en tant que thérapeute et moi, d un point de vue psychique ?
    Par avance, merci de m avoir lu,
    Bien à vous

    1. Didier Auteur du post

      Bonjour, le « risque » est la confusion des casquettes et que le thérapeute n’ait plus le recul et la légitimité pour mener à bien la thérapie, qui pourrait donc ne pas amener les résultats escomptés.

    2. Orchidée

      Merci de votre réponse Monsieur ,

      Je me permets donc cette question : si en tant que professionnel vous semblez connaître les répercussions d un tel exercice, nul doute que mon thérapeute en sache autant que vous…
      Je peux donc en déduire que si nous n avons pas fait un vrai deuil de notre attirance mutuelle, nous courons droit à la catastrophe ?

    3. Didier Auteur du post

      « Catastrophe » est peut-être un grand mot… Mais il est clair qu’il serait souhaitable de choisir entre le lien amoureux et le lien thérapeutique. Il sera compliqué de mener les deux de front. C’est normalement de la responsabilité de votre thérapeute de mettre cela au clair, pas la vôtre.

  4. Seddiki

    Je suis tombée amoureuse de mon infirmièr psychiatrique. J’ai l’impression que j’ai du mal a voir LA réalité alors quand REGARDANT objectivement LA situation c’est vraiment ridicule car en plus il à 20ans de moins que moi. Je me sent ridicule mais SON intérêt pour moi me trouble je suis ARTISTE PEINTRE autodidacte .je fait beaucoup moins que mon âge merci

    1. Didier Auteur du post

      Merci de votre témoignage. Le mieux me semble être d’aborder franchement la question avec lui. Il n’y a rien de ridicule dans vos sentiments, ils ont le droit d’exister.

  5. Louise

    Je suis tombé amoureuse de ma thérapeute, ça fais un an que je ne les pas vue,le problème c’est que je n arrive pas à l oublier, j ai très mal.Si elle m aime aussi, peut on ce voir.

    1. Didier Auteur du post

      Bonjour Louise. Vous pouvez bien sûr vous voir mais il est alors plus que souhaitable qu’elle ne soit plus votre thérapeute, si votre attirance est mutuelle et que votre relations bascule alors pour de bon dans la sphère privée et personnes.

  6. Laluz

    Je suis suivie depuis un an par ma psychiatre.mon addixtio. A la cocaine à reeait surface au début de cette thérapie. La relation therapeutique est très investie (en dehors des séances, elle est là, si j’ai une.question où une angoisse, elle prend toujours le temps.
    Seulement, durant une séance où mon état était sous emprise du produit, moi qui ne mens jamais, j’ai menti à ma.therapuete sur cette consommation. Elle s’est sentie trahie par ce mensonge. Elle a donc arrêté la thérapie, soulignant que san confiance il n’y avait pas thérapie.
    C’est dur pour moi donc je co tenue de co tacter.
    Cela fait plus d’un mois qu’elle reste vivement en colère contre moi me rejeta.t les conséquences de mon addiction. J’ai lmression que du jour au le.demao. elle me hais. Son discours reste colère et très dur envers moi.

    Comme t comprendre cela ?
    Je suis mal de lui avoir mentl sans le vouloir.
    Elle contente ietrz dur, froide et même parfois dévaloriser mes projets.
    Et en même temps, je n’accepte pas que cette thérapie dan Laqeemle je me.sentais devoir moi et adulte enfin, soit stoppée ainsi du jour au lendemain même si je comprends l’impact d’un mensonge sur la relation de confiance. Dans ses yeux je lis que je l’ai déçue, qu’elle est froide de colere contre moi, j’ai même parfois l’impression que certains de ces diras sont exprès pour attaquer mes projets, un sapir que j’exprime, ou moi simplement.

    Je suis perdue. On se comprenait tellement. Même si la thérapie soit interrompue, il était plus doux pour toutes deux de pouvoir garder un lien seezin (on aurait pu se questionner sur des livres ou spectacles ou émotions que l’on aurait pu vivre. Comme deux amis qui continuent de temps à autre ee dialoguer sur la vie.

    Mai non. Cette fin de thérapie nous livre au contraire deux amies qui se rejettent leur colère personnelle sur l’autre colonie plutôt que d’essayer une bonne fois pour toute de comprendre au bout de 5 semaine, ce qui se cache vraiment carrière cette colère vive et négative envers moi

    Merci de vos retours

    1. Didier Auteur du post

      Bonjour, merci de votre message. S’il est clair qu’un mensonge peut abimer la confiance nécessaire au lien thérapeutique – et pourrait justifier d’y mettre fin -, la réaction fort émotionnelle que vous constatez chez votre psychiatre pourrait être le signe que la relation avait doucement dévié vers du personnel. N’hésitez pas à poser la question à votre psychiatre, que vous trouvez sa réaction excessive et que vous souhaitez bénéficier d’une seconde chance. Si elle reste émotionnelle, peut-être est-ce le moment de constater que le recul nécessaire n’est plus là et qu’il est de toute façon souhaitable de changer de psychiatre…

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