Présence à soi

La souffrance est-elle nécessaire pour évoluer ?

La souffrance est-elle nécessaire pour évoluer ?

La souffrance est-elle un passage obligé sur un chemin de transformation ? N’y a-t-il d’évolution possible que dans la douleur ?

Lors de stages de développement personnel, il arrive de tomber sur le spectacle impressionnant de participants en proie aux émotions les plus douloureuses, s’exprimant avec force râles, pleurs et convulsions, dont on constate avec étonnement qu’ils les reproduisent de stage en stage. Il est probable que ces personnes n’expriment pas des émotions spontanées mais entretiennent plutôt des sentiments, c’est-à-dire qu’ils ont « cérébralisés » des vieilles émotions douloureuses et les ressassent en boucle. Ils ont intégré de façon inconsciente que pour évoluer, ils doivent « en baver ». Et donc plus ils souffrent, plus ils ont le sentiment sincère de faire du bon travail sur eux-mêmes. Pourtant, aucune évolution notable ne semble visible sur la durée. Voire, pour certains, leur état va plutôt en se dégradant.

A moins d’être dans une logique masochiste ou expiatoire, la douleur pour elle-même apparaît être une voie fausse, à l’opposé de la bienveillance que l’on se doit à soi-même. S’il peut être souhaitable d’aller rencontrer ses parts d’ombres, il semble néanmoins que trop s’y complaire peut avoir pour effet de les nourrir, de les renforcer plutôt que de les emmener à la lumière. La souffrance ne doit donc certainement pas être un but en soi.

Mais si ce n’est pas la souffrance qui nous fait évoluer, quel est son rôle ? Quand la vie nous fait subir une épreuve, généralement, notre structure psychique la traduit sur le plan physique en souffrance. Ce qui nous fait évoluer c’est le désir inconscient de sortir de cette souffrance. Or, quand il n’y a pas d’échappatoire à l’épreuve subie, l’unique façon de ne plus souffrir est de transformer notre structure psychique pour qu’elle traduise cette épreuve autrement qu’en termes de souffrance. C’est cela évoluer.

L’être humain a une tendance naturelle à se cantonner aux endroits qu’il connait et maîtrise, par peur de l’inconnu et de la souffrance potentielle qui pourrait en découler. Il n’ira donc pas spontanément se confronter hors de ses zones de confort, s’il n’y est pas obligé. En pratique, nous n’évoluons donc qu’à partir du moment où l’inconfort du statu quo grandit au point de devenir manifestement plus pénible que l’inconfort à bouger vers l’inconnu. Tant que ce point critique n’est pas atteint, nous ne sommes pas prêts à évoluer.

Mais faut-il forcément rencontrer les épreuves et la souffrance pour progresser ? En fait non. Il n’y a souffrance que s’il y a résistance au changement (incarné par l’épreuve), si nous sommes déchirés entre une partie de nous qui aimerait évoluer et une autre partie qui a peur de cette évolution et freine des quatre fers.

Idéalement, nous devrions pouvoir évoluer tout en douceur et fluidité. Mais comme la peur est un moteur puissant, et ce d’autant plus qu’il n’est pas toujours conscient, nous avons tous plus ou moins de résistances que nous devons surmonter pour avancer et ce, au prix d’efforts plus ou moins douloureux suivant notre degré de résistance.

Plus nous aurons d’acceptation et de lâcher prise, plus nous évoluerons sans devoir passer par les épreuves et la douleur. S’il suffisait de le dire… 🙂

Didier de Buisseret

www.therapeute-debuisseret.be

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12 commentaires pour “La souffrance est-elle nécessaire pour évoluer ?

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  3. Cael

    Bonjour,

    Eh oui, s’il suffisait de le dire!

    La souffrance est utile pour évoluer… Uniquement si la personne ne reconnait pas encore qu’il est possible de s’en passer.
    Et l’inconscient collectif n’aide pas à contrer cette idée. Ce fantasme du travailleur acharné qui vaudrait mieux que la personne qui aime simplement contempler, par exemple. Alors que faut-il pour compenser?
    Une révélation? Celle qui dit que nous choisissons notre route, et que par conséquent, nous choisissons notre point de vue. Plus loin encore, nous pouvons choisir de s’alléger des couches superflues…
    Une expérience à vivre dans toutes ses cellules, et non uniquement dans son mental.
    Eh oui, s’il suffisait de le dire!
    Pas toujours simple de simplifier sa vie 😉

    Bonne soirée à vous,
    Cael

    1. Didier de Buisseret

      Oui :-). Ca me rappelle cette phrase du peintre Auguste Renoir, au soir de sa vie : « Je me suis embarrassé toute ma vie, aujourd’hui, je simplifie ».

  4. Urania

    Question très intéressante qui me taraude depuis longtemps !Personnellement , à 65 ans , j’ai l’impression de n’avoir pas souffert alors que des amies ont enduré incestes , perte d’enfants , maladies .
    Ces amies étant spirituellement élevées , je me demande pourquoi il en est ainsi .
    Une âme évoluée peut-elle s’incarner pour souffrir ?
    Question à laquelle personne encore n’a su me répondre…

    1. Didier de Buisseret

      Je ne pense pas que l’on puisse s’incarner « pour souffrir ». En revanche, la vie nous présente ce dont nous avons besoin pour évoluer. Si nous avons été sourds à plusieurs appels précédents, les situations que nous serons amenés à vivre pourront devenir à chaque fois plus confrontantes. Mais, quel que soit le degré de confrontation, c’est notre résistance à accueillir ce qui arrive qui génère la souffrance.

    1. Didier de Buisseret

      Accepter ne signifie pas approuver ou trouver ça chouette. Ce n’est pas incompatible avec les émotions comme la tristesse ou la colère. Accepter signifie trouver suffisamment de sérénité et de paix en soi face à cet événement pour que la vie puisse continuer. Il devient possible d’aller de l’avant (ce qui ne signifie pas occulter ou oublier), de continuer à s’ouvrir à la vie.

  5. Fraisse

    la souffrance d’un inceste dans l’enfance dépasse l’Entendement avec l’ individualisation qui va de soi pour chacun.e, …. emprisonnement, rejet, incompréhension, mépris pour l’un, …;pitié, compassion, soins en thérapie, pour l’autre. 2 attitudes opposées selon les protagonistes. Hors la souffrance, quelle qu’elle soit , y compris abus sexuels dans l’enfance, se présente pour modifier des croyances, des comportements, qui se situent au niveau social, sociétal, très enfouis dans nos cultures, moeurs, habitus, inconscient collectif. La souffrance est un signal psycho-sociologique, qui nous concerne tous et toutes. Tant que nous nous nous côtoyons sur un mode de jugements, répressions, exclusions, il y aura des signaux de souffrance.

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