Présence à soi

En couple ou en relation ?

couple

Dans une relation sentimentale naissante, qu’est ce qui fait qu’à un moment, on estime former un couple avec notre partenaire, et non plus « être en relation » ou juste « sortir avec » ?

Cette volonté de définition du couple peut être vue comme de la finasserie sans intérêt. Mettre une étiquette sur sa relation ou son partenaire n’est d’ailleurs pas forcément souhaitable, dès lors que cela fige une réalité en mouvement.

Cela peut cependant être utile quand il s’agit de définir, tant pour soi-même que vis-à-vis de son/sa partenaire, ce que l’on souhaite faire de sa relation, vers quoi on veut la voir évoluer et quel est l’investissement que l’on souhaite y apporter.

La définition du couple est quelque chose d’assez subjectif dès que l’on souhaite s’éloigner de la vision classique (voire archaïque) du dictionnaire, étant « relation de mariage d’un homme et d’une femme ».

Le fait d’être mariés, en cohabitation légale, habitant sous le même toit et/ou en communauté de frais ou de revenus…, ne semble pas être fondamental pour définir un couple. Tout le monde connait des personnes qu’il considère comme un couple et qui ne rencontrent pas un de ces critères.

Si la dimension sexuelle est a priori présente dans un couple, on peut malgré tout imaginer qu’il existe des cas de couples platoniques dès le début de la relation (il ne s’agit pas des couples qui, avec le temps, n’ont plus de relations sexuelles pour différentes raisons).

Être reconnu comme tel par les autres, c’est-à-dire le fait qu’être en couple soit affiché, assumé et reconnu publiquement, ne paraît pas non plus indispensable pour qu’un couple existe, même si c’est le plus souvent le cas.

La dimension amoureuse apparaît en revanche fondamentale. Même si certains couples ne s’aiment plus tout en restant ensemble, on peut considérer qu’à la base, ils formaient un couple, qui s’est vidé de sa substance entretemps pour ne plus être aujourd’hui qu’un couple d’habitude, de convenances ou d’intérêts.

Cette dimension amoureuse, indispensable au couple, est également le plus souvent présente dans une relation sentimentale qui ne constitue pas encore un couple. Alors quoi ? Pour moi, mais c’est une vision personnelle et subjective, ce qui les différencie, c’est le degré de profondeur du lien amoureux.

A mon sens, il y a couple quand les deux partenaires amoureux sont d’accord sur le fait qu’ils souhaitent tous les deux construire ensemble quelque chose de durable (projets, famille…) et s’investir l’un vis-à-vis de l’autre vers toujours plus de profondeur dans leur relation. Le critère me semble donc être une volonté mutuelle d’investissement à long terme dans la relation, en termes de temps, de moyens, d’énergie, d’imagination, de sentiments, d’enthousiasme, de projets…

Bien entendu, il n’est pas question de hiérarchiser et de considérer que le couple est mieux que la relation sentimentale. Ce sont des choses différentes, correspondant à des besoins et des envies différentes à des moments donnés de nos vies.

Vu de l’extérieur, la distinction entre couple et relation sentimentale n’est néanmoins pas toujours aisée à faire et chacun placera sans doute à un endroit différend le moment où il considère qu’il passe de l’un à l’autre. Une des difficultés est évidemment quand un des partenaires estime former un couple – ou souhaite le former – tandis que l’autre s’imagine n’être toujours « que » en relation – ou souhaite y rester…

Or, il est précieux de savoir ce que l’on attend de la relation ou du couple, de savoir ce que son partenaire en attend et de communiquer avec lui afin de voir si les deux visions sont conciliables et comment faire en pratique pour prendre la direction la plus susceptible de rencontrer ces attentes communes.

A priori, les attentes – le plus souvent légitimes – de chacun risquent en effet d’être partiellement différentes selon que l’on se considère en couple ou en relation.

Qu’en pensez-vous ?

Didier de Buisseret

www.therapeute-debuisseret.be

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4 commentaires pour “En couple ou en relation ?

  1. dath

    Comme toujours, tes approches, analyses et commentaires sont qualitativement étonnants. On comprend, connaissant ton passé, que la plume a trouvé sa précision dans sa formation antérieure mais mon sentiments est assurément que toutes les approches que tu fais dans le cadre de ton activité sont prudentes, réfléchies, ciselées avec art et un parfait mélange de rationnalité (assez rare dans ce domaine) et d’humanité. Chapeau.

  2. Vincent L_

    Amis ? Proches ? Intimes ? Amoureux ? Amants ? …

    Je me demande si la dénomination qu’on pourrait donner à nos « relations » est importante finalement ? Ce sont des mots, des qualificatifs qui semblent pouvoir contenir tellement de sens. Parce que je peux dire : j’aime Isabelle, mais j’aime aussi Laurence, Patricia, Monika, Julie ou Nath, et aussi Thierry, Yacine, Stéphane, et d’autres… Et c’est vrai : dans le fond, j’aime sincèrement ces proches de mon entourage. Sans aucune différence me semble-t-il, sauf peut-être dans certaines finalités, comme par exemple celle de vivre « avec » (mais vivre quoi « avec » ?). Et encore, il me semble que là ça devient plutôt une question d’envie, un choix « rationnel » en tous cas. Alors, qui est-on ? Comment qualifier l’une ou l’autre connexion ? Où est la limite ? Est-ce qu’on passe d’une « case » à l’autre ? Et comment ?

    Mais plus encore que de me demander qui nous serions les uns pour les autres, je me demande… qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce vraiment nécessaire de savoir ? Est-ce important de donner des mots ou des étiquettes ? Ou l’importance est-elle dans les sentiments, dans ce qu’on ressent, dans ce qu’on partage, dans la Vie, dans l’instant, dans les actes ou les directions… ?

    Bon, les 17 points d’interrogation que j’écris dans ce commentaire tendent à indiquer qu’en ce qui me concerne, la matière est complètement ouverte, je n’arrive pas vraiment à me trouver une réponse… (en faut-il une ? 🙂 )

    Vincent/

    1. Didier de Buisseret

      Étiqueter, figer de la vie en mouvement n’a en effet pas de sens et ne peut que contribuer à nous entraver dans notre fluidité et notre liberté. Une relation est fluide et mouvante : à de l’amitié, peut s’ajouter du désir, puis de l’amour, puis le désir peut céder le pas à de la tendresse, ou le tout en même temps ou dans un autre ordre… Mettre un nom sur ce que je vis aujourd’hui est de peu d’intérêt vu que ce sera sans doute différent demain. En outre, je serai probablement moins ouvert à une évolution si je me crispe sur une étiquette qui sera pourtant déjà dépassée dans les faits.
      En revanche, il est utile d’avoir une compréhension (même intuitive) de ce que je vis. Si je n’ai que peu de prise sur le fait d’être amoureux ou de ressentir du désir, le fait d’être conscient de ces ressentis et de ces émotions me permet de mettre mes pensées et mes actes en concordance avec cela. Une fois que je vois clair en moi, je suis en mesure de me concerter avec ma/mon partenaire afin de m’assurer de la compatibilité de nos souhaits quant au devenir de notre relation.

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